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La ferme enchantée

La ferme enchantée - Vincent belloc

Maison & travaux - Janvier 2002

Derrière ses façades à peine remaniées, la maison s'est forgé une âme et s'émerveille de chaque saison qui s'encadre aux fenêtres. Dressée sur un domaine familial encore en exploitation, la ferme se compose de plusieurs bâtiments édifiés à la queue-leu-leu...

Au centre, le vieux logis. D'un côté une immense grange, de l'autre un prolongement construit au 19e siècle pour servir d'annexe agricole. Entre les deux, une immense cuve à vin en béton prenait place dans ce qui servait de chai. Après avoir restauré la vieille partie, les propriétaires se sont sentis un peu à l'étroit ! Lancés à la conquête d'espace, ils ont fait du bâtiment annexe un prolongement de la surface habitable. Lumière, volumes, perspectives et transparente des couleurs sont au rendez-vous de cette seconde étape. L'aménagement de la grange (le projet se dessine vaguement !) sera l'aboutissement d'une métamorphose déjà bien amorcée : celle d'une ferme en maison de soleil et de jours heureux.

Des tons tout doux

Le vieux logis est à peine remanié. C'est l'agencement et la mise en couleur des murs qui créent l'ambiance ! Le plancher patiemment décapés et poncés ont retrouvé ou la cire leurs tons mordorés. Les fissures rebouchées disparaissent sous plusieurs couches de badigeon.

Les murs de la cage d'escalier étaient particulièrement endommagés. Des reprises ont été faites au plâtre mais sans chercher à obtenir une surface tirée à la règle. puis l'ensemble a été imprégné avec une peinture acrylique Blanche. Après trois couches de badigeon à la chaux en pâte (Chaux d'Augmontel), seule la dernière est colorée avec les pigments naturels (Sienne naturelle et Ombre calcinée). En finition, de l'huile de lin passée au chiffon donne de la profondeur a la teinte et un bel aspect satiné.

Derrière la baignoire, le mur a reçu le même traitement car l'huile de lin rend le mur imperméable à l'eau. Par contre, la mise en couleur a été réalisée avec deux teintes différentes afin d'obtenir cet effet de mur antique.

La ferme enchantée - Chambre

La ruche des enfants

Dans les combles récemment aménagés, le dortoir est prêt à recevoir la jeune classe. L'espace laissé intact est éclairé par les petites ouvertures de grenier que l'on a équipées de châssis à abattant en vitrage feuilleté, sécurité oblige !

Sur les murs, l'enduit au sable et à la chaux est laissé naturel. Au plafond, l'isolation disparaît sous la frisette peinte. Le volume est cloisonné par des rideaux tendus sur des tringles fixées le long des poutres.

Ces voilages fluides sont parsemés de grosses abeilles, un décor en clin d'oeil sous Je nez des petits dormeurs!

De nouveaux horizons

Au cours des travaux, la découverte d'une ancienne ouverture (probablement celle du chai) a modifié le projet de restructuration de la cuisine.

La ferme enchantée - Séjour

On abandonne l'idée d'une arrière-cuisine parce qu'il serait dommage de ne pas éclairer la pièce avec cette large baie, mais comment réorganiser l'espace puisque les câbles électriques et les tuyaux d'alimentation sont déjà mis en place dans la dalle ?

Solution simple et pratique, le lave-vaisselle est incorporé à cette longue table de desserte construite en îlot. Derrière, une cloison délimite l'espace réduit d'une mini lingerie avec lave-linge et rangements ménagers ! Une vieille porte en bois ajoute son cachet à cette nouvelle disposition.

La communication vers les anciens bâtiments se fait par un large passage ouvert dans le mur de la cuisine.

Cette ouverture met en évidence une différence de niveau de 60 cm entre le sol de la vieille maison et celui des annexes. Ce dénivelé peut être intéressant s'il est progressif mais il n’est pas question de monter trois marches entre la cuisine et le repas ! On va alors creuser le sol de la salle à manger de façon à réduire le dénivelé à une marche ce qui reporte les deux autres marches au niveau du passage vers le couloir d'entrée. Depuis la cuisine, la perspective qui s'ouvre jusqu'au pignon y gagne un réel intérêt !

Intimité au grand large

A l'étage, on retrouve les traces de l'agrandissement réalisé il y a près d'un siècle. Sur le mur de la chambre, l'appareillage de briques laisse deviner le vieux mur pignon et ses ouvertures circulaires faites pour éclairer les combles de la vieille maison.

La ferme enchantée - Chambre combles

La salle de bains assure-la t91nsition entre les deux parties habitables. Là encore, on a découvert, lors des travaux, qu'une ouverture rebouchée apparaissait dans le mur de façade. C'est celle qui permettait de verser les raisins dans le pressoir. Située au-dessus de la baie de la cuisine, elle va être agrandie et également équipée d'une menuiserie métallique.

L'aménagement de cette pièce d'eau mérite qu'on s'y arrête. Une douche sans receveur s'y installe en contrebas, derrière un pan de mur qui sert d'appui au lavabo sur pied installé à hauteur standard. A l'extrémité de la surface carrelée, la vasque haut perchée est adaptée à la taille de son utilisateur et installateur : il ne voulait plus avoir à plier ses 2 mètres en quatre !

Au sol, la terre cuite posée sur un complexe d'étanchéité a été saturée à l'huile de lin.

Un petit escalier de bois donne accès à la chambre. Dans cette partie plus récente, le grenier avait trop peu de hauteur pour être aménagé. En faisant disparaître le plancher intermédiaire en mauvais état, les pièces ont gagné volume et hauteur.' Par contre, les sols de cet étage ont tous été refaits selon la technique traditionnelle.

Les larges lames de sapin sont clouées sur des solives posées sur de grosses poutres jetées de mur à mur.

Sorti du droit chemin

La ferme enchantée - Escalier

Dans la nouvelle partie, l'entrée forme un couloir qui traverse la largeur du bâtiment. D'un côté le salon, de l'autre la salle a manger, deux pièces ouvertes par de jolis passages en arcade.

Un second escalier s'avère indispensable pour atteindre la chambre sans avoir à retraverser toute la maison. Mais comment le faire à la fois peu encombrant et suffisamment léger pour ne pas rompre la lumière et la transparence de l'entrée.

L'ouvrage confié à Vincent Belloc offre un résultat hors du commun. Entièrement réalisé en métal, l'escalier a l'audace de suivre un chemin de traverse !

Il part le long du mur pour libérer au maximum le passage et prend la direction du mur opposé pour rejoindre le palier d'étage. Une trajectoire peut-être fantaisiste mais tellement plaisante ! Cet ouvrage étonnant a été réalisé sur place. Les cadres supports de marche sont soudés sur de longues tiges de fer rond qui, deux par deux, forment les limons. Les dessus de marche sont en tôle. Les balustrades et les garde-corps sont formés d'un entrelacs de barres de diamètres différents, tordues et soudées au gré de l'imagination de l'artiste.

Reportage Elisabeth Delaigue. Photos Ph. Lauzon.

Maison & travaux - Janvier 2002

Domaine de Roquecourbe - Maison d'Hôtes.

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